Non, je dis je suis parti, je suis loin, dans les terres en Tanzanie, retour au pays natal, je fuis vers l’Afrique de l’est, entre le Kenya et le Mozambique, la question c’est que fuis-je ? j’ai peur de finir vieillard amoureux, doublement idiot, je fuis, donc je suis dans l’entourage de la fille du sultan de Zanzibar, dans les palais, et on se fait la malle avec le jeune castré.
Je n’ai pas encore fini le livre mais je sais ce que je vais dire à la fin, j’en suis à la page 175, je vais parler des séries, la différence entre faire un livre à succès et faire une série à succès, j’aimerais bien que La princesse de Zanzibar soit une série, un feuilleton, pour plein de raisons il y a un filon, ce n’est pas seulement moi qui m’évade à Zanzibar, qui fuit l’occident en Afrique de l’est, il y a matière, dans ces petits palais des îles, à nouer toutes les intrigues, sentimentales ou non, jolies fresques historiques tropicales, sur un canevas comme princesse de Zanzibar on peut prévoir au moins vingt volumes, vingt épisodes.
Donc, en plus de faire doucement pression sur Sindbad pour qu’ils continuent ma série des Baïbars, je sens naître une autre série avec une princesse, un sultan, des combats navals avec des anglais, des allemands, des français, des histoires de castration, quel effet ça fait de se faire castrer, se la faire couper ? Baraka Sakin fait d’ailleurs un parallèle entre castration et excision, la princesse est excisée, et le sultan, son père, se fait écraser les couilles par une crosse de fusil dans une révolte, après une vie entière à avoir fait souffrir les autres, les anglais arrivent avec l’abolition de l’esclavage, la grande histoire se mêle aux petites dans une île aux senteurs enchantées qui, quand l’esclavage est banni s’effondre sur elle-même, plus rien ne fonctionne et tout se met à puer sur l’île aux parfums, les esclaves faisaient tout, enterraient les morts, ramassaient les ordures, nettoyaient.
Petite digression, j’ai un peu envie de dire un mot sur Mayotte, en parlant d’île aux parfums, cette désorganisation structurelle au moment de l’abolition de l’esclavage à Zanzibar me fait penser à la situation actuelle à Mayotte, sifflotant sur ma branche la tête en bas, je n’ai pas tellement envie de vous donner la solution à la violence à Mayotte, mais il y a un divorce avec la jeunesse, il y a quelque chose de pourri au paradis, si la jeunesse n’est plus votre jeunesse alors vous allez être en danger ou vous sentir en danger, populations presque aussi divisées que maîtres contre esclaves récemment affranchis, avec une situation emblématique où l’outil de production est d’un côté et la main d’œuvre, la force, de l’autre, deux classes difficilement réconciliables, le capitalisme va alors inventer, en l’occurrence les anglais, différentes formes de travail plus ou moins forcé, j’espère que vous allez me dire là comparer la situation à Mayotte avec les temps suivants l’abolition à Zanzibar est très hardi, vous avez raison, je n’ai évidemment pas la solution pour Mayotte, la solution c’est l’amour, même dans l’est de la RDC la solution, c’est l’amour, la jeunesse est unie en soi, vos propres enfants seront du côté de la justice, vous tourneront le dos, les inégalités entre les jeunes se résolvent dans la politique, les jeunes sont égaux, ils vous enseignent ça aussi, en plus de l’amour, enfin quand vous acceptez d’apprendre, quand vous n’êtes pas trop castrés dans votre canapé, parce qu’alors, quand vous devenez obèses et craintifs, de tant de liberté dans un corps exténué, la jeunesse se transforme en oiseaux et vous pique, vous taquine, vous harcèle et vous obsède pour vous réveiller, vous secouer, vous redonner vie, ou bien ils vérifient si vous êtes déjà morts en vous picotant, de l’amour dans tous les cas, ce n’est pas de leur faute si vous êtes déjà morts. parce qu’elles et ils vous aiment et qu’il n’y a aucune raison en ce bas monde pour que vous ne les aimiez pas.
J’attendais bien sûr la fin pour voir si la piste d’une suite conforte mon hypothèse sérielle, je ne veux pas dévoiler la fin mais au moins un des personnages principaux reste en suspens, il y a une possibilité de le retrouver, voire d’en ressusciter d’autres, je persiste à penser qu’il y a un filon, dans les palais de Zanzibar, dans ces origines omanaises, dans l’esclavage dans ses différentes phases, dans les équilibres géopolitiques en formation, autour de quelques thématiques, la castration, l’amour, le pardon, on imagine facilement un épisode avant et un épisode après, sur quatre périodes, avant l’arrivée des arabes, avant l’arrivée des portugais, l’arrivée des européens et l’indépendance, sur le thème qui sommes-nous et qui est l’ennemi, l’émergence d’une pensée souveraine, d’une pensée qui se relève, d’une pensée debout, l’amour servant à faire passer la pilule, il n’y a pas de feuilleton sans amour, les histoires sentimentales vont se faufiler dans la grande histoire, tenter de la contrecarrer sans jamais y parvenir évidemment, la petite histoire des écrasés qui se mêle à la grosse histoire des victorieux, je pense qu’il y a dans l’histoire de Zanzibar matière à nourrir plusieurs feuilletons, Zanzibar est un carrefour, entre le monde arabe, l’Afrique et les Comores et Mayotte, l’océan indien et aussi l’Europe, cette histoire est forcément intéressante et jusqu’à présent mal connue, filon donc
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