Chronique littéraire de Jean-Paul Tooh-Tooh
Kokou Kpami, Portrait d’un rêve
Editions Awoudy, Collection éclosion, 2018
Un poète togolais né au lendemain des indépendances. Il signe Portrait d’un rêve, son premier recueil de poèmes, publié en 2018 aux éditions Awoudy (collection éclosion).
A travers cette écriture marquée par une profonde aspiration à la liberté, se dégagent les divers traits d’une existence à la fois négative et pleine d’espoir. Une poésie puissante en vers libres qui témoigne de l’urgence de se libérer de quelque chose. C’est à ce niveau que commence mon investigation. Et je me lance dans l’évaluation d’une œuvre qui «brise les fers et les chaînes» comme une Afrique aux prises avec les démons de son asservissement.
Une poésie à la fois encomiastique et élégiaque.
Encomiastique, car elle fait l’éloge de la liberté à travers la célébration de certaines figures historiques éprises de justice sociale et de paix :
« J’invoque le poème subversif / Inscrit au fronton salvateur / De ton courage infatigable / Combattant de la liberté! »
L’éloge se double de la célébration d’un espace vital pour le poète :
« Ma terre à moi, elle est / Debout et marche vers la liberté / Face au soleil face au monde ».
Encomiastique, car elle fait l’éloge de la femme à travers la figure d’une Afrique nouvelle et débarrassée des oripeaux qui obstruent son avenir : « Dans le taillis proche s’éleva un chant/ Nouveau; cantique d’une nouvelle/ Saison »
Elégiaque, car elle exprime la déception amoureuse :
« La vie a pris le large depuis / Belle lurette. Et sur le cadran / De mes nuits blanches et sèches / Ton fantôme me marche sur / Le cœur sans la moindre excuse. »
Malgré les meurtrissures du cœur, on note dans le recueil une certaine polarisation de l’espoir qui se décline comme la restauration du cœur en lambeaux du poète ou encore comme la réhabilitation de l’image d’un continent longtemps écornée par les guerres, la famine, la violence, la confiscation des libertés fondamentales. Pourquoi cette récurrente aspiration à la liberté ?
Ayant vu le jour dans un contexte socio-politique marqué par les indépendances nominales, Kokou KPAMI a certainement été témoin des horreurs d’un régime totalitaire réfractaire à la démocratie. Cette quête inconsciente sous-tend l’œuvre et tente même de noyer les envolées lyriques qui fonctionnent comme des oasis dans cet immense désert d’«illusions perdues» ou «d’espoirs à la dérive!».
S’il y a un poème qui rend compte éloquemment du projet esthétique et thématique de l’œuvre en général, c’est bien Portrait d’un rêve.
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