Ecris pour ta rue, pour ton quartier !
Bienvenu Sene Mongaba
J’ai rencontré pour la première fois Bienvenu Sene Mongaba il y a 22 ans. Le verbe « Rencontrer » revêt, ici, un sens particulier. Parce qu’il s’agissait d’une connexion virtuelle. Jusqu’à ce jour, nous ne nous sommes pas physiquement rencontrés. A l’époque, ce chimiste de formation animait déjà des espaces d’apprentissage du lingala sur ce qu’on appelait des forums sur Internet. Il a produit une thèse doctorale en lingala, sur le thème Lingála na matéya ya nzébi na bitéyelo ya Kinshasa (Le lingala dans l’enseignement des sciences dans les écoles de Kinshasa) soutenue à l’université de Gand en Belgique.
En 2000, il crée les éditions Mabiki. Alors qu’il voulait publier un premier roman en lingala, Bienvenu Sene Mongaba explique dans la zoom conférence qu’il m’a accordée les raisons de la création de sa maison d’édition. Depuis, il a rendu public plusieurs oeuvres écrites principalement en lingala dont Sanza Nguma (que j’ai chroniqué) sur mon blog littéraire et un dictionnaire. Il a surtout dans son catalogue, plusieurs auteurs comme Richard Ali dont le roman Ebamba Kinshasa Makambo a été traduit en anglais et récemment en français.
Sans vouloir donner de leçons, Bienvenu Sene Mongaba souligne les enjeux d’une écriture en une langue africaine, en lingala en particulier. En écrivant en lingala, il y a un paradigme qui explose. Le lectorat à conquérir se situe à Brazzaville, à Kinshasa, aux Congo. Les termes de la narration ne peuvent plus être les mêmes.
« Ne t’adresse pas à Paris, mais à la rue de Kasa-Vubu (1) ! » disait-il à Richard Ali (2)
Est-ce que des institutions congolaises portent ce projet ambitieux ? Comment diffuse-t-il et distribue-t-il des ouvrages en langues africaines ? Ses réponses sont édifiantes. L’absence d’intérêts des autorités congolaises pour ce type d’industries culturelles ne le surprend pas. Mais Bienvenu Séné Mongaba joue une partie d’échecs avec plusieurs coups d’avance. La nouvelle génération est demandeuse de telles initiatives. C’est une question de temps.
A la question des plus grandes plumes congolaises et du rapport existant entre la littérature congolaise et des grands maîtres de la rumba des deux pays, son hommage à Simaro Lutumba tonne comme une évidence. Le génie de l’écriture en lingala est chez les paroliers de la musique congolaise. Lutumba, Koffi Olomidé, Papa Wemba, Reddy Amisi…
Nous ne nous sommes donc jamais physiquement rencontrés. Mais, il n’empêche que nous avons de nombreux points communs, et je suis très heureux que Bienvenu Sene Mongaba m’ait accordé ce temps pour nous parler de sa passion : construire un monde nommé à partir du lingala. Je vous laisse écouter son propos.
Découvrez les éditions Mabiki : http://mabiki.net
Bibliographie en lingala de Bienvenu Sene Mongaba :
(1) Commune de Kasa-Vubu à Kinshasa
(2) Richard Ali A Mutu, juriste et écrivain congolais. Il est auteur de plusieurs romans écrits soit en lingala, soit en français. Ebamba Kinshasa Makambo publié en 2012 aux éditions Mabiki a été traduit en anglais et en français.
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