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Toi, quand je te veux - Damienne Houehougbé (2022)
De l'érotisme, qu'en penses-tu Gangoueus ?
By Chrys Amegan Posted in Bénin, Chrys Amegan, romance on 4 octobre 2022 0 Comments
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Damienne Houehougbé Toi, quand je te veux (Roman), Editions J’aime, Cotonou, 2022.

 

Cher Gangoueus,

Il y a un prénom que n’importe qui donne à sa fille à travers le monde ; un prénom comme n’importe quel autre prénom, simple, dont les origines remonteraient à la Bible, précisément dans le livre de Genèse aux côtés d’Abraham, un prénom populaire, cool, qui signifierait « elle a regardé » ou « Yahvé regarde » ; un prénom qui s’attribue également ici en Afrique mais qui, on ne sait comment, depuis longtemps, a pris tout un autre sens sur le continent noir et qui s’emploie beaucoup plus désormais dans ce sens-là dans le langage populaire des Béninois et des Ivoiriens. Tout Béninois ancré dans le monde de la jeunesse actuelle, surtout celui de cette jeunesse dynamique qui se meut et s’affirme aujourd’hui via les réseaux sociaux, maîtrise parfaitement l’autre sens sociologique de ce prénom qui règne ainsi dans le vocabulaire du tabou. On assiste à une prosopopée de l’une des entités puissantes qui gouvernent le monde, le soumettent et désarment parfois ses hommes dits puissants qui se croient invincibles. Je parle bien sûr de « Jessica ». Un prénom connu, mais connoté ici, en cela qu’il est l’autre nom du sexe féminin ; un prénom que porte l’héroïne du roman Toi, quand je te veux dont je m’en vais te parler. On la voit s’exprimer ici dans toute sa dimension, électrisant érotiquement tout lecteur qui a la libido littérairement alerte pour avoir peut-être goûté à une Calixthe Beyala dans Femme nue, femme noire, (Albin Michel, 2003) par exemple ou à une Léonora Miano dans ce projet commun intitulé Volcaniques, une anthologie du plaisir, (Mémoire d’encrier, 2015). Et tu sais que lire l’érotisme sous une plume féminine procure naturellement une sensation différente…

C’est donc à juste titre que l’auteure, que je soupçonne d’avoir choisi ce prénom à dessein en raison de ce qui adviendra dans le roman, a attribué à Jessica, pour le personnaliser et le personnifier, le patronyme de GANDONOU. Un patronyme béninisé que mon fongbé frelaté comprend comme suit : « Qui met aux (en)fers ». Ce nom aura forcément une autre signification pour les spécialistes de l’onomastique béninoise. Mais c’est ainsi que je le comprends moi littéralement. Jessica en effet, le sexe féminin, n’a-t-elle pas forgé des fers pour la raison des hommes ? Entre autres, le récit biblique de Samson et la récente rocambolesque affaire DSK ne témoignent-ils pas qu’il n’y a de sexe fort que le sexe féminin ainsi qu’on le verra ici à travers le personnage de Jessica damant le pion à son challenger au tribunal. 

Tu le devines déjà sûrement. On découvre Jessica ici naturellement en duo romantique avec un certain Lionel, le héros, également avocat comme elle et riche héritier de la famille ÐAGBEGNON. Je te souffle que l’apocope de ce prénom renvoie au règne du lio à Abomey. Contrairement à son homologue plus tendre et parfois friable appelé Kannan à Porto-Novo, le lio est un akassa plus ou moins dur et ferme prisé dans l’alimentation des populations de cette région du Bénin. Et donc sans même finir le texte, imagine cette dureté virile du lio (ou de Lio) dans une Jessssss dont la forte allitération dans l’indistinguable prononciation consonanto-vocalique évoque le gémissement douloureux et/ou jouissif lors d’un coït, tu comprendras alors aisément à l’entame du roman qui bat les antiquités de Tristan et Iseult et de Roméo et Juliette, etc., qu’on est en plein dans l’univers passionnel d’une vie de romance extrême où dansent espoir et désillusion, plénitude et vide, insatisfaction et satiété, amour mais alors amour plein, intense et haine…

Embarqué sur ce vaisseau, le lecteur voyage comme dans un train d’intrigues à wagons érotiquement puissants et mélodramatiques où un couple dont les protagonistes sont à priori nés pour être ensemble, affrontent des vicissitudes existentielles liées à leur propre égo, mais aussi à leur détermination individuelle à exceller professionnellement.

Sinon, dis-moi Gangoueus, à part les pigeons et autres volatiles de la même caractéristique, quelle femelle connais-tu aujourd’hui qui acceptera de se faire languir interminablement, avec la force de l’espoir plus vive et plus féroce que les vagues du désespoir, avec la volonté manifeste de croire en ce sentiment inexplicable et insaisissable qu’est l’amour, et de ne le vivre qu’à distance, virtuellement, uniquement à travers portable et son trépied, Internet et ses moues, par un mâle amoureux qu’on sait être à des milliers de kilomètres ? Quelle femelle en ce 21e siècle accepte-t-elle encore ces lancinements du cœur, ces incertitudes du temps et ces bégaiements du lendemain avec un mâle qu’elle sait à l’autre bout du monde ? Qui, encore, accepte aujourd’hui de se mettre en parenthèse pendant des années, espérant voracement de vivre un jour en vrai, des espérances amoureuses les plus folles qu’elle nourrit avec l’homme qu’elle a toujours connu depuis pratiquement son enfance ? 

C’est pourtant, Gangoueus, ce que Jessica a accepté de faire. Elle attendait, patientait, espérait, jusqu’à ce que Lionel, le mâle pour qui elle consentait à tout ce sacrifice de languissement «éternel», l’homme à qui elle s’est toujours sentie collée et cimentée dans l’âme, celui qu’elle n’a jamais rêvé remplacer, lui annonce, sacrilège ! qu’il se sépare définitivement d’elle, que la promesse à elle faite de revenir très vite du Canada où il était parti pour des études de Droit ne saurait désormais se tenir, qu’il la libère dorénavant de ce lien puissant dans lequel il l’a pendant des années emprisonnée, que lui désormais vagabonde de fille en fille dans son pays hôte, et qu’elle a la latitude, elle, désormais, d’aller manger et boire sa vie avec qui bon lui semble, comme elle l’entend et où elle veut. Qui ? Quelle femme, quel être humain supporterait-elle une telle trahison ? A croire que les haches-girls ont quelque part raison ! 

Pourtant, Gangoueus, c’est ce qui s’est passé dans ce roman qu’il est impératif de lire pour comprendre que Jessica, dans le torrent de ses larmes, dans l’océan de son affliction, dans le lancinement caustique et lent de son cœur, n’a pas dépecé Lionel à coup de hache comme le ferait une hache-girl béninoise. Elle ne l’a pas non plus éclaboussé d’acide quand, fortuitement, Lionel s’est présenté à elle à son cabinet un mois après son retour-surprise du Canada.

Au contraire, sur les vagues de chamboulement émotionnel dû à l’inattendu des retrouvailles, Jessica se rasséréna, respira profondément et disciplina ses nerfs là où plusieurs femmes, peut-être à juste titre, auraient bondi sur le cou du tortionnaire des cœurs amoureux pour l’étriper aussi bien de joie que de vengeance en lui disant :

«Je t’attends pendant 6 ans, et à ton retour, tu m’oublies et tu oses te pointer seulement après trente jours… Quel mépris ?!»

PROTASE (La bataille de la reconquête)

Lionel, présenté comme un jeune homme très beau, fin, sexy avec ses dreadlocks devenues un actant adjuvant de taille dans les scènes érotiques…, se montre un masculin très déterminé et très calculateur dans la reconquête ardue de sa Jessica, avec des réflexes de prédateur qui maîtrise son art et son terrain avec une bienséance extraordinaire. 

Soirée de bienfaisance «Justice Enseignante». L’auteure exalte le génie du stylisme béninois dans une belle topographie où des professionnels du Droit sont réunis pour une cause caritative. Mais dans ce décor de ploutocrates empreint de solennité scintillent les deux protagonistes de l’histoire très endimanchés : Lionel et Jessica. L’un pour y faire un petit discours, l’autre pour participer également à la cause tout en se dérobant, angoissée à l’idée de croiser celui dont elle ne sait plus si elle a envie de voir le visage ou non, tant sa présence dans le même environnement que l’homme exacerbait en elle un mélange d’émotions qu’elle ne contrôlait plus désormais. 

Deuxième rencontre. Ce qu’elle craignait arrive. Le gentleman tacle, mais sans goujaterie aucune, porté par l’irrésistible envie de poursuivre le tissage de la corde sentimentale là où il l’avait suspendu six ans plus tôt. Jessica le rabroue, lui fait essuyer une rebuffade cinglante ; surtout qu’il s’était pointé à la soirée en compagnie d’une cavalière dont la beauté époustouflante attisa une jalousie injustifiée chez Jessica. 

Injustifiée, car pendant que l’homme baguenaudait au Canada en papillonnant de fille en fille, elle avait eu enfin le courage de commencer à refaire sa vie, de s’autoriser une autre relation avec un autre masculin du nom d’Edmond, une relation qui, à vrai dire, relève d’un libéralisme total où l’homme, très amoureux et peut-être niais, n’était en définitive qu’un figurant, une bétadine ou un sparadrap émotionnel que Jess n’utilisait que pour panser la solitude ou la béante blessure sentimentale que la trahison de Lionel avait créée en elle. Elle va donc rabrouer son étalon dont le double crime mineur (celui de ne prendre contact avec elle qu’un mois après son retour au pays et celui de s’être pointé à la soirée avec une gonzesse dont l’élégance sublime fait pâlir le soleil) venait d’ouvrir celui impardonnable qu’il avait déjà commis en l’abandonnant in extremis après l’avoir fait languir des années durant. Inutilement. 

  • Pourquoi maintenant ? Je veux dire, ça fait quand même un mois que tu es dans les parages.
  • Je m’installais.
  • Ce n’est pas quelque chose qui t’aurait empêché de me voir si tu le voulais
  • C’est vrai. Je suis désolé, admit-il.
  • Oh ! Mais tu n’as pas à l’être. Je pense que nous n’avons plus rien à nous dire, tout simplement.

Mais l’homme s’avouera-t-il vaincu ? Téméraire, il revient à la charge et malgré les réticences, les «Va te faire foutre» et les «On n’a plus rien à se dire» de Jessica, à Venice Club Restaurant, il réussit à lui arracher un dîner. L’auteure débute là une épanorthose du discours comme on le découvrira dans tout le roman à travers l’éthos de l’héroïne. La conversation en effet, lors de ce dîner fut houleuse, intense, mais eut néanmoins le mérite de permettre à Jessica d’exprimer ses ressentis, ou plutôt à Lionel de les lui faire exprimer en rétablissant les circonstances exactes de leur séparation. 

Gangoueus, tu découvriras que ce n’était en fait qu’un gros malentendu comme souvent cela arrive dans les relations de couple où l’un croit, notamment les femmes, que l’autre devrait être capable de deviner ses profondes intentions et de les interpréter comme il se doit et agir en conséquence. Si Jess est amère, en rage pour s’être sentie manipulée, Lionel par contre, lui, adopte plutôt une voix lénifiante et conciliante. Tout compte fait, il sait que la nature des femmes est toujours contre ce qu’elles désirent vraiment. 

Tu réaliseras que Jess avait opéré des déductions inexactes. Lionel n’aurait pas dû être trop honnête en lui avouant qu’il lui est arrivé d’avoir une ou deux aventures et pis, qu’il envisageait de postuler au barreau de Montréal. Elle en avait déduit une trahison, avait conclu à un plan prévu depuis longtemps et dans un élan de vengeance, lui annonça à son tour qu’elle voyait également un gars, un certain Edmond qui lui plaisait ardemment. Lionel, lui, n’avait en effet envisagé de postuler au barreau de Montréal que parce qu’il avait des problèmes personnels avec son père qui finançait ses études. Pour cela, il voyait donc l’éventualité de son retour au pays très incertaine, et se sentant déjà très coupable d’avoir fait languir sa Jessica pendant des années, trouva que la meilleure chose à faire était de la laisser partir, de la libérer, surtout qu’elle dit avoir rencontré quelqu’un qui lui plaisait… Cet extrait du dialogue, très omniprésent dans le roman et donnant l’impression qu’on est au théâtre, fut très éloquent :

  • Tu as décidé d’ignorer mes appels.
  • Parce que tu m’as dit que je pouvais désormais faire ma vie comme je le voulais !
  • Jess, tu m’as dit qu’il te plaisait.
  • Parce que tu as décidé de ne plus rentrer après tes études !

Gangoueus, ce dîner, comme tu t’en doutes, a été catastrophique mais a eu l’avantage de crever un abcès. Un couard aurait pris la poudre d’escampette à la sortie du Vénice Club, mais Lionel, détendit l’atmosphère en osant attouchements sensuels légers qui rappelèrent à Jessica l’une des complicités puériles, mais amoureuses, qui prévalait entre eux. Elle esquissa un sourire. Lionel, très malicieux, en profita pour lui filer une nouvelle stratégie, un autre angle de défense pour résoudre une affaire dans laquelle elle s’empêtrait, avec la promesse qu’elle lui accorderait un autre dîner si jamais elle gagnait avec sa stratégie. 

Jessica gagne l’affaire, franchit le seuil du bureau de Lionel dans les locaux du cabinet Wallace & Associés et au lieu de tenir parole, tenaillée par ses angoisses et ses appréhensions, lui annonce qu’il n’y aura pas de deuxième dîner. Il devra se contenter d’un simple merci. «Lionel, tu ne peux pas débarquer comme ça et espérer qu’on passe du temps ensemble.» Lui a-t-elle lancé. Que ferais-tu à la place de Lio, Gangoueus ? Tu abandonnes ou tu persévères ?

Fin de journée. Lionel débarque dans le bureau de Jessica avec le dîner dans une allure qui semblait dire : « Si tu ne veux pas m’accorder ce dîner, j’apporte le dîner vers toi, où que tu sois ». Il enlève sa veste sous le regard ahuri de la jeune femme. Interloquée, dépitée, menaçante, elle finit par abdiquer et se joint à lui. La présence de Lionel la déboussole et la désarme complètement. Ses émotions s’exacerbent, ses pores se dilatent et elle perd toute capacité de résistance. Au cours de ce deuxième dîner tenu dans son bureau, Lionel, se fait très désinvolte, un peu bad-boy. Il lui parle de tout et de rien, du cabinet Wallace, du barreau et surtout de sexe, de sexe et de son envie de lui faire l’amour, de la baiser dans toutes les positions possibles jusqu’à ce qu’elle n’en puisse plus. Il lui parle de sa vorace envie de la reconquérir, il n’avait rien à foutre de son gars, ni de ses réticences qui n’ont de socle que sa peur de tromper Edmond. 

« Je veux te faire l’amour, Jess… Te baiser aussi… J’ignore ce qui viendra avant l’autre. Ça dépendra sûrement de ce que je lirai dans tes yeux quand ça arrivera et de la pression que je ressens… Mais, rassure-toi, on fera tout ».

Ces mots de Lionel décuplent ses angoisses. Son hypocrisie cède. Là voilà désormais nue face à son désir d’être avec l’homme qui lui a pourtant violemment brisé le cœur ; un désir ardent qu’elle essaie désespérément de combattre, si ardent que cette même nuit, seule dans son lit, elle découvre Lionel dans son sommeil en train d’assouvir les foyers de tensions sexuels qui brûlaient en elle. Elle ne pense maintenant que Lionel, ne respire que Lionel et voit que Lionel dans tout ce qu’elle touche ou déplace. L’obsession était devenue si ardente que l’absence de l’appel de l’éphèbe pendant une semaine était littéralement une torture pour elle. Elle se surprend en train de languir à nouveau, de souffrir de l’absence de sa présence, de se consumer. Aussi sursaute-t-elle de joie quand Lionel lui fait un appel vidéo pour l’inviter au Titanium Club. Une boîte de nuit. Son instinct hypocrite refuse naturellement. Tu sais, ce même instinct dont on crédite presque toutes les femmes, qui les obligerait à dire non avant de finir par dire oui. Et elle a fini par dire oui. Bonjour le Titanium Club : le début ou le lieu du commencement de la partie la plus érectile et la plus érotiquement puissante du roman. 

L’ACME (L’apothéose extatique)

Une boîte de nuit est naturellement chargée d’une ambiance de bombance, de concupiscence ou de lascivité. Mais seul le couple héros de l’intrigue montait sur le toit de l’épicurisme cette soirée-là. «Montait» parce que le Club n’était que le début du commencement du voyage voluptueux dans lequel Lionel embarquera sa conquête qui, désormais, lui est totalement soumise et lui obéit au doigt et au rein, avec toutefois de petites résistances qui, en définitive, ne sont que du piquant qui vient pimenter et agrémenter les ébats. 

Cher Gangoueus, 

Je te fais maintenant Lionel. L’enceinte du Titanium Club est trop vaste, trop hostile à l’intimité dont tu rêves avec ta Jess. Tu l’emmènes donc d’abord à l’intérieur de ta voiture, un environnement insolite, inhabituel, clos, sous un lampadaire actant que tu as réussi à mettre dans ta connivence, non seulement il vous éclaire, mais surveille l’alentour pour toi comme un gardien, tout en créant pour toi et ta conquête un environnement excitant avec cette appréhension de se faire surprendre à tout moment. Là, tu décides d’oser, tu enclenches le processus d’Eros, Jessica est ta proie désormais. Elle est totalement offerte et disposée. Elle n’objecte que par la voix de la pudeur que la vorace envie de son corps tait à chaque instant. Elle se surprend à s’exécuter quand toi, le mâle dominant, lui ordonnes d’écarter ses jambes. Elle écarte ses jambes, tu soulèves sa robe. Sans s’en rendre compte, elle a instinctivement soulevé ses fesses pour toi pour te faciliter l’enlèvement de son slip. Tu l’attises avec deux doigts, grave, tu la prépares et tu la lubrifies proprement avec des attouchements d’expert, de sorte que l’esclave qu’elle est désormais, toute trempée, gémit et te supplie par les petits cris que tu lui arraches de l’achever avec, dans La Rivale de Dieu, ce que Gilles Gbeto, appelle le «Cheval de guerre». Mais très futé, Lionel interrompt tout, il veut faire durer le supplice d’une Jessica dans une condition insoupçonnée :  

« Elle était là, à sa portée, toute mouillée, tout impatiente, tout ouverte, prête à l’accueillir. Tout ce qu’il lui restait à faire était de déboutonner sa ceinture pour libérer son joyau masculin qui s’était déjà durci et impatient de faire enfin connaissance avec sa Jess de toujours. Il aurait aimé la posséder, là tout de suite, mais il craignait qu’une fois satisfaits, la tension ne baisse immédiatement après. Ce qu’il voulait, c’était passer toute la nuit avec elle, et non une jouissance éphémère. »

Lionel met son slip dans la poche, la ramène dans la boîte de nuit toute nue en dessous, l’abandonne à ses amis et va régler son affaire avec le boss de la boîte avant de revenir l’emmener chez lui, dans son appartement, où la salve érotique débutée plus tôt connait son acmé extatique. 

Le récit, qui rappelle à ce niveau Première nuit, cette autre anthologie de désir dirigée par Léonora Miano, notamment la nouvelle « Le confessionnal » de l’écrivain Julien Mabiala Bissila, ou encore Troubles des femmes de Calixthe Beyala, se fait intensément érotique, érectile et extrêmement torride. Loin de relever de la violence, voire de la sauvagerie sexuelle qu’on découvre par exemple chez Adiaffi (Les Naufragés de l’intelligence, CEDA, 2000), chez Sony Labou Tansy, (L’Etat honteux, Seuil, 1981) ou dans (Cannibale, FABRE Pierre-Marcel, 1986) de Baenga Bolya, on découvre Damienne HOUEHOUGBE dans une esthétisation du sexe entre deux adultes consentants, comme cela sonne et s’entend dans l’imaginaire de la plupart des Africains. Car non seulement le texte ne s’inscrit pas dans un universalisme forcé du sexe où il faut obligatoirement y insérer un éclair d’uranisme ou de saphisme pour faire tendance, mais il n’expose pas non plus, comme on le voit chez Pauline Réage, des relents d’un sadomasochisme à la Marquis de Sade. 

Après le décor planté à Titanium Club, toujours nue en dessous jusque dans l’appartement de son Apollon, d’abord sur la table à manger et ensuite sur le lit, les deux amoureux goûtent suavement et goulûment aux délices de Cupidon trois fois de suite dans la même nuit. Au petit matin, Jessica se réveille affamée, encore affamée du sexe-bonheur de son étalon qui l’attendait déjà sous la douche. Florent COUAO-ZOTTI a raison : « Le sexe se souvient toujours de l’amour qui l’a épanoui. » La salve érotique redémarre, dans des positions qu’elle n’avait jamais essayées ni avec Edmond ni avec personne d’ailleurs, puisqu’elle n’était en train de connaître que ces deux hommes dans sa vie amoureuse. 

Gangoueus, tu banderas et si tu étais une femme, tu mouilleras. C’est pour ça qu’il vaudra mieux te laisser savourer toi-même chaque page de ce discours sexuel que je sais que tu distingueras de la pornographie, en ceci que la pornographie est une mauvaise utilisation des instincts ; c’est de la gourmandise, de la simple monstration. L’érotisme, lui, tu le sais, dépasse l’instinct, esthétise le sexe et allie gourmet et finesse du goût. 

Et cette célébration de l’amour entre Lionel et Jessica se fait, se vit pendant qu’elle sortait toujours avec Edmond ; l’autre gars avec qui elle pansait sa solitude sentimentale avant que Lionel ne débarque au pays. 

L’APODOSE (L’amour ou la profession ?)

Les circonstances obligent Jessica à rompre avec Edmond. Déjà, elle se sentait horriblement coupable au lendemain de sa torride nuit librement consentie et entièrement savourée avec Lionel. Ce dernier en effet venait de la rendre infidèle. Elle va couper les ponts avec lui jusqu’à ce qu’il revienne décidément encore à la charge. Mais c’était devenu invivable quand, à la fin de cette soirée consacrant les vingt-cinq ans de carrière d’un des greffiers du Tribunal de Cotonou, Edmond, avec qui elle était venue à la fête, une fois chez elle, eut envie de la posséder. Le récit dialogué de cette scène est d’une tristesse insoutenable. Gangoueus, je prie pour que jamais tu ne sois ce genre d’Edmond dans la vie. Tu me donneras raison quand tu auras lu ce roman. Crois-moi. Aucun homme ne mérite de subir cette trahison…

Les voilà donc libres totalement, Lionel et Jessica, vainqueurs de tous les obstacles. Ils eurent leur première vraie dispute à cause d’une certaine Naomie, certes. Mais tout se stabilise. Tout est huilé, tout va super bien. Tout fonctionne à merveille. Jusqu’à ce que surgisse une affaire de licenciement abusif, l’affaire fatidique, l’affaire qui va tout chambouler : l’affaire Alex BOSSA dans laquelle Jessica et Lionel sont appelés à s’affronter au Tribunal. Jessica va tout faire pour ne pas affronter son homme. Absolument tout. Mais Lionel refuse de céder… Et vous alors, Lecteur, qu’auriez-vous fait ? Accepteriez-vous d’affronter l’homme ou la femme que vous aimez plus que tout dans un duel d’avocat au Tribunal ?  

Le combat eut lieu. Terrible et cinglant ! Qui a gagné ? Qui a pulvérisé l’autre ? Jessica ou Lionel ? Qu’en est-il de leur relation ? A-t-elle survécu après ça, ou est-elle morte ? Lecteur, je vous laisse le découvrir.

Chrys Amègan

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